Mois : novembre 2014

La mer aime garder ses mystères. Elle en joue et s’en délecte. Pour cette longe nocturne, elle donne de la voix dans son ressac mais échappe à notre regard. Aussi profondément sombre que le ciel qui la surplombe, elle ne sourit que rarement pour nous montrer furtivement ses dents d’écume. Cette sensation de continuité entre la mer et le ciel est renforcée par une brume très légère mais suffisante pour rendre incertain l’horizon. Le courant est présent dans cette marée descendante, léger au long de notre cote de Leffrinckoucke, pourtant de manière inattendue, il nous aspire au large avec véhémence. Nous nous ancrons, sur le fond et dans notre solidarité pour dépasser cette attraction liquide. Point de déferlantes mais une houle longue et profonde se distingue du large dans de blêmes avancées. La mer nous fait ressentir sa force sans que nous puissions la voir, elle se moque de ces pèlerins nocturnes qui trébuchent sur sa frange. Point de malice, juste un clin d’œil tout en fraicheur à l’amertume légère. C’est toujours avec regret que nous la quittons quoique heureux de notre aventure que ce soit en longues foulées ou sous une pleine zénitude! une houle de bonheur. BTh

L’hiver approchant commence à marquer l’eau de son empreinte. La mise à l’eau promet de prochains changements de combinaisons plus en rapport avec ce moment de l’année. A défaut d’une baisse de température significative, l’automne a barbouillé son ciel d’une nuit d’encre. L’horizon marin se confond avec celui du ciel. Seuls quelques éclats lumineux fugaces révèlent leurs existences. Une nuit suffisamment noire pour masquer la limite des eaux salines en bord de plage. Rafraichies mais de bonnes humeurs, les longes entament leurs croisières vers la batterie de Leffrinckoucke.  La longe « Trail » largue les amarres et s’enfonce dans l’obscurité. l’éclat intermittent des loupiotes souligne la progression des longes.  « Zen » et « Loisir » sont à la recherche de leur allure et se tamponnent régulièrement. Un peu de tricotage, n’est-ce pas une activité de saison? Quelques passages de bâches, quelques mouvements de la houle de banc nous rappelle la fraicheur de notre milieu salin. Ce soir, pas de « phoque » ni « d’étoile », le portrait de chacun est maintenu au sec, bien cadré comme un présentateur TV. On se met à rêver à la douche chaude qui ne saurait tarder, pourvu qu’il y ait un débit suffisant. Un noir Bonheur. BTh